La barre est haute
Ce projet est un beau terrain de jeu. En effet, le futur village s’étalera sur trois communes – L’Île-Saint-Denis, Saint-Denis et Saint-Ouen – avec 445 000 m2 de surface de plancher dans le village olympique et paralympique et le cluster des medias. Quarante bâtiments seront à construire ou à transformer par 29 maîtres d’ouvrage publics et privés. Anne Hidalgo, présidente de la Solideo, met le curseur haut et souhaite que ces constructions soient exemplaires en termes d’émission carbone et qu’elles ne se limitent pas aux jeux Olympiques. Ces édifices seront pensés pour être réversibles – la filière bois travaille d’ailleurs sur le sujet ; ils deviendront après les jeux olympiques en 2025 des bureaux, logements, commerces… Ils seront aussi conçus en fonction des futurs changements climatiques : « Le confort d’été sera pensé pour que ces bâtiments soient adaptés à horizon 2050 », précise Anne Hidalgo. L’accent sera mis sur la préfabrication, les circuits courts et le recyclage.
Ces bâtiments seront aussi des laboratoires d’innovation et d’expérimentation. Concernant les toitures, elles devront être actives, intégrant l’énergie et produisant de l’énergie renouvelable, la biodiversité, la gestion des eaux pluviales… Tous seront full BIM au service d’une ville collaborative, accessibles et résilients dans le contexte du climat de 2050. « Les objectifs seront mesurables et mesurés, donnant lieu à un retour », précise Anne Hidalgo. Ce village comprendra également des constructions laboratoires : un bâtiment 100 % déplaçable ; un autre issu à 100 % du recyclage, dont 50 % du réemploi ; un avec zéro déchet d’exploitation ; un qui réinvente le béton via des bétons bas carbone ; un autre qui décline des matériaux alternatifs.
Un cap pour la filière bois française qui « ne sera plus l’exception, mais la norme », selon Jean-Louis Missika, adjoint au maire de Paris à l’urbanisme, projets du Grand Paris, développement économique et attractivité. Reste quelques interrogations et défis à relever : d'une part, la sécurisation de la matière première, d’autant que l’objectif visé par Anne Hidalgo est de 50 % de bois garanti origine France. Par ailleurs, 70% des entreprises impliquées devront être françaises. La question du coût est aussi à creuser : « Le dépassement toléré est de 10 %, selon Céline Terrier-Laurens. C'est possible étant donné les économies d’échelle et l’ampleur du projet. »