Confinés sur le toit du monde. Au nord-est de l’Inde se trouve la province de Meghalaya. Près d’1,4 million de personnes y vivent dans des villages éparses nichés sur les hauts plateaux rocheux (Meghalaya signifie « la demeure des nuages »), séparés par des torrents puissants et une jungle luxuriante. Les Indiens Khasi ont donc dû trouver une solution pour surpasser les éléments et garder un lien. Plutôt que d’arracher la végétation à la pelleteuse, comme cela se pratique en Amazonie, ils ont choisi de s’en accommoder en utilisant les arbres pour enjamber les rivières : ils ont construit des ponts vivants.
Mi-paysagiste, mi-sculpteur. Leur méthode ancestrale consiste à tirer et tresser les lianes des arbres de cette forêt subtropicale et à déplacer leurs racines pour qu’à terme, elles se rejoignent. Le tout sans jamais couper les arbres. On appelle ces ponts végétaux « Jing kieng jri ». Bien sûr, il faut aussi placer des tiges de bambou aux bons endroits, faisant office de tuteurs pour les lianes tentaculaires des luxuriants Ficus elastica. Les Khasis vont aussi planter des arbres aux extrémités des ponts pour en renforcer la structure. Quant aux racines, cette région du monde étant l’une des plus humides sur Terre, elles poussent hors de terre sans soucis.[...]